Le centre deCoste, un lieu rassembleur pour la communauté

Le parcours professionnel de Dave Gunning s’imbrique dans l’histoire du centre des arts de la scène deCoste comme les innombrables routes rurales qui sillonnent une carte du comté de Pictou. « Je suis monté plusieurs fois sur cette scène au fil des ans, que ce soit pour faire mes propres spectacles ou accompagner d’autres personnes. C’est un endroit qui m’a vu grandir comme artiste, raconte Dave, un auteur-compositeur-interprète folk bien connu qui a grandi à Pictou. J’ai l’impression que c’est au centre deCoste que ma carrière a pris son envol. »

« C’est une scène où de nombreux artistes de la Nouvelle-Écosse viennent en rodage », explique Troy Greencorn, le directeur général du centre, citant au passage le groupe Barra MacNeils, George Canyon, Natalie MacMaster et Rita MacNeil. Considéré comme l’un des centres d’art incontournables de l’Atlantique depuis sa création en 1982, le centre deCoste contribue au rayonnement culturel, économique et social de la région.

Grâce à un nouveau partenariat de financement avec la Fondation Sobey, le centre pourra rayonner encore davantage. Le don de 2,5 millions de dollars sur les cinq ans lui permettra d’élargir sa programmation et de produire un effet positif sur les prochaines générations. « Nous avons demandé un coup de pouce à la Fondation, mais finalement, nous avons décroché la lune », poursuit Troy.

Le financement viendra épauler la prochaine génération d’artistes de la scène. Toute la population néo-écossaise aura un meilleur accès à un mélange diversifié d’expériences culturelles.

« Notre objectif est de présenter des spectacles que les gens s’attendraient à devoir aller voir à Halifax, à Toronto ou à Montréal. C’est un objectif qui peut paraître ambitieux, mais nous sommes en train de prouver que c’est possible. Il n’est pas rare de voir des gens arriver d’Halifax en voiture pour voir des spectacles d’une grande tournée dans notre petite salle intime. Les entreprises locales bénéficient de leur présence », souligne Troy.

RENFORCER LA COMMUNAUTÉ

Le centre deCoste est bien plus qu’une scène musicale. Le centre est un lieu de rassemblement pour les personnes qui ont grandi dans le comté de Pictou. Tous les événements marquants de la vie – mariages, funérailles, remises de diplômes et fêtes communautaires – ont déjà eu lieu au centre deCoste. Pour bien des citoyens, l’établissement a une signification toute personnelle.

C’est le cas de Crystal Murray, qui a des liens profonds avec le centre depuis 40 ans. Le centre deCoste a été la toile de fond des moments forts de sa vie. Un symposium sur Shakespeare alors qu’elle était étudiante au secondaire. Sa soirée de mariage. La réception après les funérailles de son beau-père. Des spectacles de danse de ses enfants et, plus tard, la remise de leur diplôme d’étude secondaire. « Il y a des milliers de personnes comme moi qui ont leurs propres liens et leurs propres histoires avec le centre deCoste », mentionne Crystal, qui est membre du conseil d’administration depuis huit ans.

Au fil du temps, le centre deCoste a connu un succès des plus enviable. « Nos revenus des billets de spectacles ont plus que doublé, et nous nous sommes retrouvés dans une crise de croissance. Il fallait agrandir. Avoir besoin de plus de stationnements et de toilettes, c’est un beau problème », explique Troy.

À l’aube de ses 40 ans, le centre avait besoin d’être modernisé et adapté à sa croissance. À l’époque, la communauté avait également besoin d’une nouvelle bibliothèque pour élargir sa programmation et étendre sa portée. Les deux entités ont formé un partenariat novateur.

« Nous avons maintenant un pôle culturel incroyable. Quand on regroupe des organismes artistiques aux vues similaires, on est tous plus forts. Les possibilités de partenariat abonderont et les gains d’efficience nous permettront d’investir une plus grande partie de notre budget dans la programmation », poursuit-il.

Eric Stackhouse, bibliothécaire en chef de la bibliothèque régionale de Pictou-Antigonish, explique que ce projet unique pour la Nouvelle-Écosse rurale ne se limite pas à avoir une salle de théâtre et une bibliothèque réunies sous un même toit. « Nous essayons de proposer une expérience harmonieuse pour les usagers de la bibliothèque, les membres de la communauté, les visiteurs de la région, les amateurs de théâtre, bref, tout le monde. La création de l’espace repose sur l’idée d’offrir de nombreuses expériences en un seul endroit. »

Ce qui ne changera pas, selon Crystal, c’est l’accueil chaleureux qui caractérise le centre. « Les gens qui viennent au centre deCoste se sentent comme à la maison. Beaucoup d’artistes d’ici et d’un peu partout au pays se sentent si bien accueillis lorsqu’ils viennent dans notre établissement. »

PROPULSER DES CARRIÈRES

Dave replonge dans les souvenirs de ses premières fois au centre deCoste. Tout jeune, il a assisté à plusieurs spectacles avec ses parents. Il a notamment vu des prestations de Garnet Rogers et de John Allan Cameron, deux artistes légendaires qui ont eu une énorme influence sur sa musique.

Il est monté pour la première fois sur la scène du centre deCoste dans le rôle-titre de Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat, une comédie musicale produite par son école secondaire. C’est à cette époque qu’il a rencontré John Meir, qui a été le directeur artistique du centre pendant près de 30 ans, et qu’une solide amitié s’est formée entre les deux. Plus tard, alors qu’il jouait dans des pubs de la région, il a été engagé pour mixer le son au centre deCoste, y compris pour les spectacles de ses idoles.

Pendant qu’il terminait ses études à l’Université Saint Mary’s, Dave retournait souvent chez lui et passait du temps dans les coulisses du centre deCoste, où il composait des chansons avec John. « Il m’a aidé à écrire mes premières chansons, ou plutôt, mes premières bonnes chansons », rigole Dave. Il lance ensuite son premier CD en 1997 et donne son premier spectacle en solo au centre deCoste.

John n’a jamais cessé d’encourager Dave et les autres artistes qui sont montés sur la scène du centre. « L’une des spécialités de John était de travailler avec les interprètes pour qu’ils deviennent à l’aise de raconter des histoires, de parler au public et de présenter leurs chansons, se souvient Dave. C’est au centre deCoste que j’ai tout appris de mon métier. » 

FAVORISER L’INCLUSION

Le nouveau centre deCoste sera encore un lieu accueillant pour les artistes émergents, mais il proposera également de nouvelles expériences et servira de vitrine aux nombreux créateurs de la région.

Le partenariat de financement avec la Fondation Sobey a permis au centre deCoste d’apporter d’importantes améliorations aux plans de construction et de regarder vers l’avenir. Des fonds ont été réservés pour deux volets : l’amélioration des infrastructures et l’art public; et la diversification des programmes et la viabilité opérationnelle au moyen d’investissements en dotation. « Essentiellement, nous mettons en place notre propre source interne de financement pour l’innovation. C’est ce qui rend le projet aussi extraordinaire. Je sais que le concept du bâtiment attirera l’attention, mais ces modèles de viabilité et d’innovation pourraient également devenir les meilleures pratiques du secteur », affirme Troy.

Le volet de l’art public – qui comprend au départ 13 pièces commandées et d’autres qui seront réalisées sur place après la réouverture – est essentiel au caractère inclusif du centre. « C’est une façon de présenter des œuvres d’art à des gens qui n’ont pas souvent l’occasion d’en voir, mais aussi d’exposer la communauté à son propre reflet », explique Eric.

En plus de la salle de théâtre et de la bibliothèque, le centre accueillera Creative Pictou County, le conseil du secteur des arts de la région. Il est prévu d’aménager des bureaux ainsi que des espaces réservés à la programmation et à la création de projets artistiques et culturels. « Le centre jettera les bases d’une nouvelle croissance du secteur des arts dans le comté. Il suscitera l’intérêt du grand public et fera rayonner la créativité et la culture du comté de Pictou », dit Eric.

RENTRER À LA MAISON

Comme artiste folk, Dave est heureux de « passer sous le radar » même s’il mène une carrière internationale et que son travail est acclamé par la critique. Il se rappelle la fois où il avait rencontré un homme âgé chez Sobeys, à l’époque où J.D. Fortune et George Canyon étaient au sommet de la gloire. « Le monsieur m’avait dit : “Non mais, tes amis ont du succès. Tu devais aller dans une téléréalité pour faire décoller ta carrière. » Je me suis mis à rire en m’imaginant à quoi ressemblerait une émission appelée Folk Idol », raconte Dave avec un sourire en coin.

Dave apprécie les petites taquineries qu’il entend à la maison et se sent bien ici. « Dans le comté de Pictou, tout le monde a les pieds sur terre. Personne n’est prétentieux », dit-il.

Un centre deCoste prospère est bon pour la région, ses citoyens et son économie. Il soutiendra la relève artistique et continuera de faire rayonner la culture en servant de lieu de rassemblement pour la communauté. « C’est un endroit où je me suis toujours senti le bienvenu, ajoute Dave, qui se remémore avec nostalgie sa première performance solo au centre deCoste en 1997. La salle était bondée. Des gens de toute la communauté étaient venus m’encourager. »

La première chanson qu’il a interprétée sur scène? Heading Home (rentrer à la maison).